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Le fonds Jean Blanchard

 Jean Blanchard est musicien : co-fondateur du folk-club La Chanterelle et du groupe de musique folk La Bamboche dans les années 1970, il est une figure incontournable du mouvement revivaliste folk à Lyon. À la fin des années 1980, il participe en compagnie d'Éric Montbel à la création du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA),  dont il assure la direction artistique jusqu’en 2005. Il enseigne aujourd’hui au CEFEDEM à Lyon, et forme les futurs enseignants de musiques traditionnelles.       

Son fonds de collectage, déposé au CMTRA dès sa création, a été numérisé et redocumenté en 2017.

CONSULTER LE FONDS JEAN BLANCHARD

Jean Blanchard, Julien Chastagnol, PIerre Imbert, Bernard Cochinal, devant la maison de Mr Chastagnol. Années 1970, Fonds Blanchard

Biographie de Jean Blanchard

Jean Blanchard est né dans le Berry, dans la région de Bourges. À partir de la fin des années 1950, à l'âge de 10 ans, il fréquente deux groupes folkloriques berrichons : « Notre Berry » et les « Thiaulins de Lignières ». Il y  découvre les danses et musiques traditionnelles du Berry, mais aussi le collectage des musiques et traditions populaires, en accompagnant des membres des groupes folkloriques lors d’enquêtes de terrain.

Les premières collectes

À l’été 1969, âgé de 21 ans et étudiant à l’INSA de Lyon, il emprunte un enregistreur Uher au groupe "Notre Berry" et s’inscrit dans un stage franco-québecois de collecte. Il s’envole pour le Québec en compagnie de la fine fleur du mouvement folk parisien, qui allait fonder quelques mois plus tard le Folk club Le Bourdon : John Wright, Jean-François Dutertre, Catherine Pernier, Jean Loup Bally... Au Québec, Jean Blanchard réalise ses premières collectes, rencontre musiciens et chanteurs et assiste à des veillées. Il y découvre également les Archives de Folklore et d’Ethnologie de l’Université Laval qui, depuis 1944 conservent d’importantes collections sonores sur les traditions orales du Canada francophone.

À bien des égards, ce stage de collecte est fondateur. Cette première expérience de terrain, ainsi que sa rencontre avec les piliers du mouvement folk parisien structurent sa démarche de musicien et de collecteur dans les années suivantes.

 La rencontre avec Julien Chastagnol

C’est en Corrèze, à Égletons où il travaille à son retour du Québec, qu’il se livre à ses premières collectes de musique en France. En compagnie de quelques-uns de ses étudiants corréziens, avec lesquels il joue à Egletons, il mène ses premières enquêtes. Il y fait notamment la rencontre du violoneux Julien Chastagnol, rencontre déterminante qu’il a décrit dans l’ouvrage d’Olivier Durif Le violon populaire en Massif Central :

« La rencontre, décisive pour moi par la suite, est un électrochoc pour un collecteur nourri aux mythes de l'époque folk flamboyante. Un homme chaleureux qui mène sa propre enquête sur moi pendant que je crois mener la mienne sur lui, un regard malicieux et amusé par la situation, des anecdotes à n'en plus finir, un cantou majestueux, une famille qui écoute le père jouer et raconter. Et un jeu de violon riche, très orné, beaucoup plus construit que ce que j'ai entendu lors des rencontres précédentes. Et un répertoire dont l'originalité frappe l'oreille, avec des standards, mais avec des versions d'une modalité marquée, et des mélodies étranges. Tous ces ingrédients suffisent pour me persuader que je suis en présence du dépositaire d'une tradition riche et forte. Et je m'applique alors à reproduire sur mon violon les mélodies enregistrées, inlassablement. » (pages 11-12)


De retour à Lyon, faisant écouter ses enregistrements, Jean Blanchard suscite des vocations de collecteurs dans le Limousin : Olivier Durif, Christian Oller ou encore John Wright iront fréquemment visiter Julien Chastagnol jusqu’à sa mort en 1978.

Pendant les années 1970, parallèlement à son activité de musicien professionnel, Jean Blanchard poursuit son travail de collectage. Il retourne bien sûr dans le Limousin, mais explore également d’autres terrains d’enquête : le Berry, dont il est originaire, le Morvan, mais également les Combrailles, région du Nord-Ouest du Massif-Central à cheval sur le Puy-de-Dôme, la Creuse et l’Allier. Il s’y rend une première fois au début des années 1970 avec son ami Pierre Imbert, vielleux de l’équipe lyonnaise, et se lie d’amitié avec Patrick Geuzat, antiquaire à Pionsat qui allait être pendant plusieurs années leur guide vers les musiciens de la région, et participerait à de nombreuses collectes.

Mrs Raymond Fils et Père, photo J.Blanchard

 la fin des années 1970, pris par ses activités musicales, Jean Blanchard se détourne détourne quelque peu du collectage. Au CMTRA, dans les années 1980 et 1990 au CMTRA, il s’occupe plus des ateliers de transmission et des questions de diffusion et de programmation que des chantiers de recherche, dont Eric Montbel a la charge. Néanmoins, Jean Blanchard accompagnera directement une collecte en milieu urbain, sur le quartier de Lyon ou il réside depuis pus d’un demi-siècle, La Croix-Rousse.

Son activité de collecteur est ainsi relativement restreinte dans le temps, de 1970 à 1977. Par là, le fonds qu’il a déposé au CMTRA est très caractéristique de l’histoire singulière de ces musiciens-chercheurs qui ont initié le mouvement revivaliste dans les années 1970.  Le caractère collectif de la démarche est particulièrement remarquable : d’abord, Jean Blanchard n’est jamais seul lors de ces enquêtes, d’autres musiciens-collecteurs l’accompagnent invariablement : Christian Oller, Pierre Imbert, Olivier Durif, Patrice Greuzat… Dans la structure du fonds se lisent également les échanges qui animent cette petite communauté : les bandes s’échangent et se copient, à l’instar de la veillée publique à Servant, enregistrée par Frédéric Paris et qui trouve naturellement sa place dans le fonds Jean Blanchard. Enfin, la démarche musicienne est omniprésente. Outre le fait que les collecteurs ne se rendaient chez les musiciens démunis de leurs instruments (à la fois laissez-passer et outil de l’échange), de larges pans des entretiens sont occupés par des discussions sur la pratique, le jeu, les techniques, ou encore la lutherie. C’est bien d’abord comme élève que Jean Blanchard et ses acolytes ont abordé les rencontres avec les musiciens traditionnels qu’ils enquêtaient dans les années 1970.