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n° inventaire CMTRA 1AV239
Titre Rencontre avec Jean-Paul Chanel : témoignage d'un ancien professeur de l'EREA de Villeurbanne
Commentaire Jean-Paul Chanel a suivi une scolarité en milieu ordinaire, malgré sa déficience visuelle importante. Il a été instituteur en milieu ordinaire pendant une dizaine d'années avant d'intégrer l'école pour déficients visuels l'EREA de Villeurbanne en 1988, dans laquelle il a terminé sa carrière en 2012. Il livre des souvenirs très précis et personnels de sa scolarité, de l'acceptation de son handicap et de son travail à l'EREA. Il parle longuement de pédagogie et de l'évolution des techniques d'apprentissage.
Responsabilité - Intervenant enquêteur :Saillard, Antoine  ; informateur :Chanel, Jean-Paul
Date enregistrement-création 3 mars 2022
Lieu enregistrement-création Villeurbanne
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Documents liés Fichier sonore
Descripteurs handicap- carrière professionnelle- enseignement et éducation- apprentissage- evolution des techniques
Lieu latitude 45.76640319824219
Lieu longitude 4.886922359466553
Langue français
Genre du document témoignage thématique
Lieux cités Villeurbanne; EREA DV René Pellet
Sommaire 1AV239_1 [00:00:00] Enfance: Jean-Paul Chanel, 65 ans, a travaillé à l'école pour déficients visuels de Villeurbanne de 1988 à 2012. Il est déficient visuel depuis sa petite enfance. Il est né à Lyon et a grandi dans le 8ème arrondissement. Mais il n'a jamais entendu parler de l'école qui existait déjà lorsqu'il était petit. "Jamais aucun enseignant n'a parlé à mes parents d'un tel établissement, on peut s'en étonner quand même !". Mais petit, il ne se vivait pas comme un déficient visuel, cela a pris plusieurs années. [00:03:50] La scolarité et les difficutés :"c'est des kilomètres entre le bureau et le tableau", "je relevais aussi beaucoup mes lunettes". Jean-Paul avait seulement 3/10 de vue et cela est presque passé inaperçu pendant très longtemps. Il avait les doigts plein de tâches et il "se faisait engueuler". Au collège, "ça se camoufle un peu plus, on trouve les astuces". Il découvre ensuite cette école spécialisée pour les déficients visuels. Au début, il ne veut pas en entendre parler lorsqu'il fait l'Ecole Nationale. Il travaille 12 ans dans une classe " en milieu normal", sans déclarer son handicap. Il a fait face à de nombreuses difficultés avec les élèves. C'est en 1987, qu'il prend conscience que cela ne peut plus durer. Il faut accepter qu'on est déficient visuel et ensuite également accepter de rentrer dans un milieu spécialisé. Jean-Paul était une "tête de bois", il a mis longtemps avant d'accepter son handicap. [00:09:30] Parcours professionnel : Avant de connaître l'école il ne connaissait rien des techniques spécifiques des déficients visuels. Il n'a pas fait la formation spécialisée à Surennes pour apprendre ces techniques "spécialisation déficient visuel". Il est rentré "en urgence". Il a pu être nommé à l'EREA, puis il a été nommé de manière définitive en 1993 "Instituteur spécialisé maitre B". Il décrit les étapes qu'il a dû traverser dans l'Education nationale pour y arriver. "Le noir"/Le braille. (L'écriture ordinaire est appelée "le noir"). Passer du "noir au braille", cela dépend à chaque fois du parcours des élèves. l'EREA est une école primaire, un collège et un lycée professionnel. Il a été affecté à l'équipe de professeur de Braille du collège et du lycée. [00:21:00] Le braille: Il a vu jusqu'à l'âge de 50 ans. La première année, il a appris le braille intégral, abrégé et mathématique. Quand il a été capable de transmettre à des élèves, il a été affecté et a donné des cours de Braille, à des petits effectifs (deux ou à trois, avec une attention à chaque élève). 1AV239_2 [00:00:00] L'enseignement aux déficients visuels : Substituer les supports visuels à d'autres supports, tout en tenant compte de ceux qui voient et qui doivent être stimulés visuellement "il faut jouer sur tous les tableaux". La majorité du personnel était voyant. Il fait le décompte des professeurs mal voyants de l'école par niveaux et type de métiers. (11 environ, selon lui). L'école était très conviviale. "A l'EREA on y faisait carrière; ou on y restait très peu, on on y restait très longtemps". "On est trop bien à l'EREA", Jean-Paul parle des effectifs, des conditions de travail et de l'ambiance. Et des difficultés, qui existaient aussi mais sont à relativiser. "Venant d'une école ordinaire, j'ai fait la différence très vite!". [00:07:27] Le parcours dans l'école : 24 ans d'enseignement. Au début prof de braille pendant 2 ans et soutien en lycée professionnel (rattrapage, apports individuels). Enseignement général au lycée, puis il succède au "professeur de standard". La section disparaît en 1997 et se transforme en formation secrétariat. Les autres spécialisations du lycée : vannerie, chaiserie, électricité, horticulture, ETC (employé technique de collectivité), secrétariat. Le tertiaire est devenu ensuite prédominant, le lycée s'est ensuite ouvert au public, aux voyants. Il a continué à travailler avec la section "Métiers du secrétariat" et a introduit un enseignement sur les adaptations techniques". [00:16:48] Les évolutions techniques : Il parle des plages Braille qui sont arrivées dans les années 80, pour accompagner chaque poste informatique. Arrivée de la synthèse vocale. Puis arrivée des bloc-notes Braille avec des fonctions autonomes, que l'on peut ensuite connecter à l'ordinateur. "Avec Windows, les choses se sont compliquées". A partir de 2003, l'établissement s'est doté d'une flotte de bloc-notes. Les routing pour simuler la souris sur les bloc-notes Braille: diminution de taille, du poids et augmentation des fonctionnalités. [00:25:00] Les autres évolutions, l'arrivée de l'embosseuse et du thermogonflage: Les autres évolutions concernent la reprographie. Jean-Paul est arrivé à l'époque du thermoforme. Il décrit les étapes pour faire une photocopie en braille. Il parle ensuite des embosseuses, les imprimantes Braille. Evolution de ces machines. Jean-Paul parle des différences à "embosser du braille littéraire ou mathématique". Les questions d'adaptation de document. Ensuite les dessins à relief ont été remplacés par le système thermogonflage (Minolta) 1AV239_3 [00:00:00] La cohabitation voyant/non voyant à l'EREA, les questions de mixité dans l'enseignement : Les élèves venaient de tous les départements de la région. Il y a eu une forme de décloisonnement des enseignements, la double inscription a permis de rester dans des établissements généralistes et des élèves non déficients visuels venaient à l'EREA pour des formations spécialisées. Mais Jean-Claude souligne qu' "avec la loi de 2005, ça c'est terminé". Il est partagé sur la quesion de la mixité voyants/mal voyants. Il pense avoir eu des avantages à avoir fréquenté un établissement ordinaire, mais témoigne à nouveau de "ses déboires", et notamment de l'hostilité de ses camarades. Mais il se demande s'il aurait pu devenir enseignant par exemple. D'une manière générale, il est pour l'inclusion, mais à condition que des moyens soient donnés pour accompagner les élèves en difficulté. L'inclusion est parfois orchestrée, par raison budgétaire, ce qui n'est pas une bonne chose. [00:13:14]Description de l'établissement et de ses bâtiments: En décrivant la disposition des lieux, Jean-Paul déplore l'hégémonie de l'approche psychologique, aux dépens de ce qu'il appelle "le concret". Il y a "une emprise du médical au détriment du côté éducatif et de la vie concrète". Il se souvient de l'époque de l'internat. Il y avait deux établissements; l'EREA, établissement éducation nationale et celui du CADV (établissement spécialisé pour les déficients visuels) géré par les PEP, mais tout cela "vivait sous le même toit". Jean-Paul détaille le montage administratif et les répartitions enseignants, éducateurs et personnel médical. Il y avait aussi un volet important pour apprendre et maîtriser les gestes de la vie quotidienne. Jean-Paul déplore que l'éducatif et le concret ait laissé la place à une approche plus administrative et médicale, avec une tentation de "contrôle social".
Fonds Fonds "Quelle mémoire !"
Nature du document enquête
Département Rhône (69)
Niveau de consultation Consultation libre et copie sur autorisation
Durée 01:31:51
Qualité bon
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