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Le fonds Charles Joisten

Depuis 2015, un réseau documentaire dédié aux archives sonores en Auvergne-Rhône-Alpes est né, coordonné par le CMTRA. Il rassemble à ce jour une douzaine de structures associatives et institutionnelles détentrices de fonds sonores et fédère dans le but d’impulser une réelle dynamique d’accessibilité et de réflexion autour de la valorisation de ces sources.
Le Musée Dauphinois de Grenoble, en tant que membre du comité de pilotage, est l’un des éléments actifs de ce réseau, porté en outre par une histoire au sein de laquelle l’archive orale a occupé et occupe toujours une place centrale. En effet, de la rencontre entre Jean-Pierre Laurent - directeur du Musée Dauphinois à partir de 1971 et utilisateur de document sonore au sein de sa muséographie - et Charles Joisten - alors ethnologue et conservateur au Musée Dauphinois et grand collecteur de l’oralité - est née une phonothèque installée dans l’institution grenobloise dès le début des années 1970. Aujourd’hui numérisée, elle est riche de plus de 2500 phonogrammes dont certaines datant de 1955.
Dans le cadre de ce réseau régional, le CMTRA a été missionné par le Musée Dauphinois pour catalogue une partie du fonds Charles Joisten sur le portail régional du patrimoine oral. Représentant au total une quinzaine d’heures, soit une infime partie de l’abondant travail de l’ethnologue, celle-ci concerne essentiellement des chants et des airs instrumentaux collectés entre 1957 et 1980 sur le territoire rhodanien. Les rigodons d’Emile Escalle y côtoient les chants et commentaires en patois, francoprovençal ou occitan et font écho aux travaux du CMTRA aussi bien sur les langues régionales (Atlas sonores, projet Drôme-Ardèche) que sur les patrimoines de l’oralité dans leur ensemble. 

CONSULTER LE FONDS CHARLES JOISTEN


Vous pouvez également naviguer au sein du fonds selon les entrées suivantes :


  • Entretiens avec Emile Escalle dit « Milou », violoneux en Champsaur
  • Paroles : contes, croyances, témoignages et commentaires du Fonds Joisten
  • Répertoire d'Alexandrine Gaillard dite "Tante Sandrine"
  • Répertoire d'Augusta Fourrat
  • Répertoire de Marcel Montagne, de Joseph Clarard et "Zin-Zin"
  • Répertoire de chansons
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    Biographie de Charles Joisten 
    Charles Joisten (1936-1981) est un ethnologue et folkloriste français également connu pour avoir été conservateur au Musée Dauphinois à Grenoble de 1968 à 1981. Son héritage considérable, fruit d’un travail s’étendant sur trente décennies, permet de mettre en lumière de nombreuses traditions populaires orales de l’après guerre, en Savoie et dans les territoires ruraux du Dauphiné. Si la collecte d’une centaine de contes et de milliers de récits légendaires compte parmi ses plus importantes enquêtes, il faut y ajouter des récits de genres divers et un très important répertoire de chansons populaires, en français, francoprovençal et occitan. 
    Sur les pas de Van Gennep, dans les Hautes-Alpes
    Passionné des contes et légendes dès son enfance, Charles Joisten se plonge très tôt dans la lecture des œuvres de folkloristes spécialistes du genre merveilleux. Parmi eux, Arnold Van Gennep fait naître une véritable vocation chez le jeune adolescent. Auteur de l’ouvrage majeur Manuel de folklore français contemporain, dont l’œuvre consacre le folklore comme discipline scientifique en France au début du XXème siècle, Van Gennep étudie les légendes, les mythes et les rituels de passage. En 1910, la Savoie et le Dauphiné sont à l’honneur de ses recherches. Dans les Hautes-Alpes voisines néanmoins, il ne recueille qu’un seul conte merveilleux, le reste répondant plutôt au genre comique du récit facétieux. Conscient de ne pouvoir affirmer l’inexistence historique des récits légendaires et contes merveilleux dans ce département, le spécialiste se questionne : « des enquêtes complémentaires seraient-elles plus heureuses ? ». A quatorze ans Charles Joisten entend le message et, plus tard épaulé et propulsé par son mentor, il décide de poursuivre cette recherche inachevée en refusant de croire en l’absence d’une littérature orale du merveilleux dans la région des Hautes-Alpes. A l’hiver 1950-1951 il entreprend ses premières collectes autour de Gap, et le résultat est plus que concluant. Il rencontre alors Van Gennep qui, très enthousiaste à la vue de ce nouvel apport scientifique, encourage le jeune homme à poursuivre sur la voie de l’ethnologie de terrain. Dans le même temps il contacte Paul Delarue, le spécialiste du conte, auteur du Catalogue du conte populaire français, qui lui enseigne le classement et l’étude de ces nouvelles collectes. 
    Ce sera le début de la constitution d’un vaste corpus qui remet à l’honneur les Hautes-Alpes, un département qui s’avère être un riche conservatoire de légendes et de récits (La Montagne Noire, Jean de l’Ours, La Bête à sept têtes, Le Roi des Poissons, Jean de Calais…). Puis le jeune Charles Joisten étend ses recherches aux territoires voisins de l’Isère, de la Drôme, et à tous les départements parcourus, même brièvement, par Van Gennep (l’Ariège, le Puy-de-Dôme, l’Ardèche, la Provence…). Il s’installe finalement en Haute-Savoie en 1957 après sa rencontre et son mariage avec Alice, originaire de la région, qui deviendra aussitôt sa plus fidèle alliée sur le terrain.
    Des difficultés de la collecte de mémoire orale 
    Alors qu’à Desingy (Haute-Savoie) Van Gennep avait fait de belles découvertes, Charles Joisten fait face à une grande déception, faisant le constat d’une érosion de la mémoire orale locale dans les villages qu’il parcourt. Certaines aires culturelles, telles que dans les Hautes-Alpes, semblent avoir mieux conservé les traditions et les répertoires de contes, peut-être grâce à la persistance de lieux et temps de sociabilité dédiés, tels que les veillées. De cafés en fêtes de villages, de salles à manger en festivals, Charles Joisten dû s’armer de patience, parcourir des kilomètres, prendre le temps de tisser des relations de confiance et d’amitié avec les habitants, pour réussir à rassembler au bout d’une dizaine d’années une collection d’une centaine de contes traditionnels de la région, dont certains se racontent sur plusieurs heures.
    Contes, légendes et chansons : des récits à teneur historique et sociale
    Ce corpus va donner une nouvelle visibilité aux sociétés rurales des années 50 et 60, encore peu touchées par la désertification, où les traditions orales restent vivaces. Davantage qu’un répertoire de récits, contes, légendes ou chansons, le fonds Joisten révèle une réalité sociale et historique, le souvenir des solidarités villageoises, d’un écosystème alors en pleine période de mutations au milieu du XXème, et dont la mémoire subsiste essentiellement par la présence d’informateurs nés avant la guerre de 14-18.  Entre les légendes et récits contés par les habitants, les interludes donnent à entendre des conversations spontanées et riches d’informations sur la répartition des rôles au travail, au foyer, le déroulement des veillées, les jeux, les pratiques culturelles, la pratique de la religion, de la médecine.  Les contes eux-mêmes sont de formidables outils de compréhension des sociétés qui les racontent, c’est d’ailleurs pour cela que Charles Joisten s’y intéresse lorsqu’il quitte la casquette de l’enfant fasciné par l’expression du merveilleux pour enfiler celle de l’ethnologue. Les petits détails, les anecdotes empruntés à la vie quotidienne des villages se glissent souvent dans les trames de récits pour éclairer un peu plus sur la réalité historique et quotidienne des territoires vécus.  Dans les récits collectés en montagne l’on retrouvera maints détails sur la vie quotidienne dans les alpages, sur les pratiques agricoles, de chasse, de colportage. Souvent moralisateurs, ces récits des montagnes éclairent également sur des préoccupations chrétiennes locales tandis qu’en Bas-Dauphiné, les contes recueillis informent davantage sur des préoccupations plus sociales et politiques liés à la vie ouvrière.
    Les collectes de Charles Joisten ont été d’un apport considérable dans la mise en avant de la diversité des formats du conte dans les territoires ruraux, de ses singularités et de ce qui le distingue des récits légendaires mettant en scène des personnages voisins, des lieux connus de tous et qui ne sont pas perçus ou racontés comme des récits fictionnels. Joisten a ainsi collecté de très nombreux récits où il est question d’esprits et de revenants, de diable ou d’hommes sauvages. Le chercheur avait d’ailleurs envisagé d’en faire une très vaste étude qu’il abandonne à son entrée au Musée Dauphinois à Grenoble, musée qui permettra une reprise de ses travaux à titre posthume. 
    Publications
    Une quinzaine d’ouvrages sont issus de ses recherches de terrain. En 1973, il crée la revue Le monde alpin et rhodanien, revue régionale d’ethnologie qui réunit de nombreux chercheurs en sciences humaines et sociales. Charles Joisten a constitué l’un des fonds les plus riches jamais réalisé en France dans le domaine des traditions orales populaires. Alice Joisten, son épouse, a considérablement contribué à rendre toujours vivace son oeuvre. En hommage à l’héritage patrimonial laissé par le travail de l’ethnologue, en mémoire du conservateur qui a très tôt donné une place aux archives sonores alors peu valorisées en muséographie, le Musée Dauphinois a, depuis 2005, édité 5 volumes consacrée l’œuvre de Charles Joisten. 
    Biographie de Charles Joisten 

    Charles Joisten (1936-1981) est un ethnologue et folkloriste français également connu pour avoir été conservateur au Musée Dauphinois à Grenoble de 1968 à 1981. Son héritage considérable, fruit d’un travail s’étendant sur trente décennies, permet de mettre en lumière de nombreuses traditions populaires orales de l’après-guerre, en Savoie et Dauphiné. Si la collecte d’une centaine de contes et de milliers de récits légendaires compte parmi ses plus importantes enquêtes, il faut y ajouter celle de chansons populaires, en français, francoprovençal et occitan.
     
    Sur les pas de Van Gennep, dans les Hautes-Alpes

    Passionné de contes et de légendes dès son enfance, Charles Joisten se plonge très tôt dans la lecture des œuvres d’Arnold Van Gennep. Ce dernier, dont l’œuvre consacre le folklore comme discipline scientifique en France au début du XXe siècle, auteur de l’ouvrage majeur le Manuel de folklore français contemporain, fait naître une véritable vocation chez le jeune adolescent. Entre autres disciplines, Van Gennep étudie les légendes, les mythes et les rites de passage. En ce qui concerne le conte, il constate la pauvreté des provinces alpines par rapport aux autres provinces françaises : rien n’existe à part une collecte de contes merveilleux réalisée en 1888 par un instituteur de Haute-Savoie, à Desingy. Il en est de même dans les départements voisins de l’Isère et des Hautes-Alpes, où, comme en Savoie, Van Gennep ne collecte que des contes facétieux. S’étonnant cependant de ne pouvoir affirmer, pour les Hautes-Alpes, l’inexistence de récits légendaires et de contes merveilleux, il se questionne : « des enquêtes complémentaires seraient-elles plus heureuses ? ». A quatorze ans Charles Joisten, qui alors réside à Gap, entend le message et décide d’entreprendre cette recherche, refusant de croire en l’absence d’une littérature orale du merveilleux dans cette région. Ses premières collectes, autour de Gap, datent du printemps 1951 et le résultat est plus que concluant. Il rencontre alors Van Gennep qui, enthousiasmé par ce nouvel apport scientifique, encourage le jeune homme à poursuivre ses enquêtes de terrain. Dans le même temps Charles entre en contact avec Paul Delarue, le spécialiste du conte, auteur du Catalogue du conte populaire français, qui le guide dans le classement et l’étude de ces nouvelles collectes.
    Ce sera le début de la constitution d’un vaste corpus qui met à l’honneur les Hautes-Alpes, un département qui s’avère être un riche conservatoire de légendes et de récits (La Montagne Noire, Jean de l’Ours, La Bête à sept têtes, Le Roi des Poissons, Jean de Calais…). Puis le jeune Charles Joisten étend ses recherches aux départements voisins de l’Isère et de la Drôme, et il enquête chaque fois que l’occasion se présente à lui au cours de séjours, même brefs (Ariège, Puy-de-Dôme, Ardèche, Provence). A partir de 1957 il oriente sa recherche en direction de la Savoie après son mariage avec Alice qui en est originaire, et qui deviendra aussitôt sa plus fidèle alliée sur le terrain.

    La collecte de la mémoire orale 

    Parti sur la trace des contes recueillis à Desingy, d’une manière générale, Charles Joisten constate souvent une érosion de la mémoire orale dans les villages qu’il parcourt sur l’ensemble des départements alpins. Pourtant, certaines aires culturelles, dans les Hautes-Alpes en particulier, semblent avoir mieux conservé les traditions et les répertoires de contes, sans que – pense-t-il – l’on puisse véritablement en déterminer la raison. Charles Joisten a dû s’armer de patience, parcourir des kilomètres, prendre le temps de tisser des relations de confiance et d’amitié avec les habitants, pour réussir à rassembler en une dizaine d’années une collecte de plusieurs centaines de contes traditionnels de la région alpine, dont certains duraient toute une veillée, à l’époque où il en existait encore.

    Contes, récits légendaires et chansons, reflets d’une réalité sociale et historique
    Ce corpus permet de voir sous un nouvel angle les sociétés rurales des années 50 et 60, encore peu touchées par la désertification, où il restait des souvenirs vivaces de la vie d’autrefois.  Outre un répertoire de récits, contes, légendes ou chansons, le fonds Joisten révèle une réalité sociale et historique, le souvenir des solidarités villageoises, d’un système social en pleine période de mutations au milieu du XXème, où la mémoire des modes de vie anciens subsiste essentiellement avec la présence d’informateurs nés avant la guerre de 14-18.  Entre les légendes et récits contés par les habitants s’intercalent des conversations spontanées et riches d’informations sur la répartition des rôles au travail, au foyer, sur le déroulement des veillées, sur les jeux, les pratiques culturelles, la pratique de la religion, de la médecine.  Les contes eux-mêmes sont de formidables outils de compréhension des sociétés qui les racontent. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles Charles Joisten s’y intéresse lorsqu’il quitte la casquette de l’enfant fasciné par l’expression du merveilleux pour celle de l’ethnologue. Les petits détails, les anecdotes empruntés à la vie quotidienne des villages se glissent souvent dans les trames des récits pour éclairer un peu plus la réalité quotidienne, et même historique, de ce milieu social.  Dans les récits collectés l’on retrouvera maints détails, sur la vie dans les alpages, sur les pratiques agricoles, de chasse, de colportage… Souvent moralisateurs, les récits des montagnes témoignent également de préoccupations chrétiennes tandis que ceux recueillis en Bas-Dauphiné ont des connotations plus sociales et politiques.

    Les collectes de Charles Joisten ont été d’un apport considérable dans la connaissance du conte des régions alpines, de ses singularités et de ce qui le distingue des récits légendaires. A la différence du conte essentiellement perçu comme fictionnel, ces derniers, quoique faisant intervenir des êtres fantastiques, sont censés relater des faits tenus pour véridiques. Joisten a collecté par milliers de ces récits où il est question d’êtres sauvages, de diable et de ses suppôts, d’esprits, de revenants et bien d’autres êtres encore. Il avait d’ailleurs envisagé d’en faire une étude synthétique, Le monde fantastique dans le folklore des Alpes françaises, Savoie et Dauphiné, qu’il n’a pu réaliser après son entrée au Musée Dauphinois à Grenoble, musée qui a cependant permis une reprise de ses travaux à titre posthume.

    Publications et archives sonores

    Plusieurs ouvrages sont issus de ses recherches de terrain. Outre de nombreux articles parus dans des revues spécialisées, les Contes populaires du Dauphiné (3 vol.), les Contes populaires de Savoie (1 vol.) rassemblent l’intégralité de sa collecte de contes. En 1973, il crée la revue Le monde alpin et rhodanien, revue régionale d’ethnologie qui réunit de nombreux chercheurs en sciences humaines et sociales, et dans laquelle paraît une partie de ses recherches. Plus récemment (2005-2010) le Musée dauphinois a permis l’édition de la totalité de la collecte de récits légendaires : Etres fantastiques du Dauphiné (3 vol. : Isère, Hautes-Alpes, Drôme), Etres fantastiques de Savoie (2 vol. : Savoie, Haute-Savoie), qui constitue l’un des fonds les plus riches jamais réalisé en France dans le domaine des traditions orales. Alice Joisten, son épouse, a considérablement contribué à l’édition de cette œuvre. Le Musée dauphinois conserve également les enregistrements du fonds sonore dans sa phonothèque, que Charles Joisten a contribué à créer.